Habib Ben Ali Bourguiba
Tunisia
Habib Bourguiba, de son nom complet Habib Ben Ali Bourguiba, né probablement le 3 août 1903 à Monastir et mort le 6 avril 2000 à Monastir, était un homme politique tunisien.
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Government
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Tunisia
Description of Work:
Fils d'un officier de l'armée symbolique que l'occupant français avait
accordée au bey de Tunis, Habib Bourguiba est né officiellement le 3
août 1903 à Monastir, dans une famille de condition modeste, mais une
forte incertitude demeure sur cette date qui, selon certains de ses
biographes, pourrait avoir été falsifiée de quelques années pour
rajeunir le «combattant suprême».
Après avoir obtenu son
certificat d'études primaires à l'école Sadikienne, il entame ses
études secondaires au Collège Sadiki à Tunis où il décroche le Brevet
d'arabe avant de s'inscrire au Lycée Carnot où il obtient, coup sur
coup, la première partie puis la seconde partie du Baccalauréat, en
1924. Il s'embarque ensuite pour Paris (Sorbonne) où il poursuit ses
études supérieures à la Faculté de Droit et à l'Institut d'Etudes
Politiques. En 1927, il y obtient respectivement sa Licence en Droit et
le Diplôme supérieur d'Etudes Politiques.
Il rencontra durant
son séjour en France une femme française, Mathilde, qu'il épousa en
1927. Elle lui donnera son fils Habib qui deviendra l'un de ses
conseillers les plus écoutés.
De retour à Tunis dès l'obtention de ses diplômes en 1927, il exerce sa
profession d'avocat, parallèlement à d'autres activités. Ainsi, il
participe à la rédaction de nombreux articles dans les journaux
nationalistes qui paraissaient à l'époque, tels "La Voix du Tunisien"
et "l'Etendard Tunisien". Le 1er novembre 1932, il crée, de concert
avec un groupe de compagnons, le journal "L'Action Tunisienne" qu'il
dirige en personne.
A la suite du Congrès du Parti du Destour,
tenu le 12 mai 1933, il devient membre de la Commission Exécutive du
Parti. Cependant, le 9 septembre 1933, il en démissionne après avoir
fait l'objet de vives réprimandes pour avoir fait partie d'une
délégation de dignitaires de Monastir qui s'était rendue au Palais du
Bey pour protester contre le gouverneur de la ville qui avait autorisé
l'inhumation du fils d'un naturalisé dans le cimetière musulman.
Il
s'emploie, par la suite, à expliquer les raisons de sa démission de la
Commission exécutive, jusqu'à ce qu'il fût décidé de réunir un congrès
extraordinaire du parti, le 2 mars 1934 à Ksar Hellal. Ce congrès se
termine par la dissolution de la Commission exécutive et la
constitution d'un Bureau politique composé comme suit : le Dr Mahmoud
Materi, Président; Habib Bourguiba, Secrétaire Général; Tahar Sfar,
Bahri Guiga et M'hammed Bourguiba, membres, fondant le Néo-Destour.
Au milieu des années 30 et après la nomination de Marcel Peyrouton
comme Résident général de France en Tunisie, la répression coloniale se
fait plus violente dans le pays. Les militants nationalistes font alors
l'objet de mesures d'éloignement dans le Sud tunisien : Le Leader Habib
Bourguiba et certains de ses compagnons sont ainsi assignés à résidence
à Kébili puis à Borj Leboeuf.
La résistance nationale se
poursuit, cependant, sous diverses formes, jusqu'à la remise en liberté
des leaders exilés, et cela à la suite de l'accession du Front
populaire au pouvoir en France (le 3 mai 1936), sous la conduite de
Léon Blum. Ils reprirent alors leur combat, le Bureau politique
s'employant activement à concrétiser les revendications patriotiques,
dès lors que le Gouvernement français avait failli à ses engagements.
L'atmosphère devint des plus tendues, vers la fin de 1937, au lendemain
du Congrès de la Rue du Tribunal, qui proclama sa défiance vis-à-vis du
Gouvernement français en raison de ses orientations incompatibles avec
les promesses faites.
Alors, le mouvement national eut à faire
face à des événements sanglants qui connurent leur paroxysme le 9 avril
1938 et à la suite desquels le Leader Habib Bourguiba et ses compagnons
furent arrêtés et détenus à la prison civile, ainsi qu'à la prison
militaire où il fit l'objet d'un long interrogatoire pour conspiration
contre la sûreté de l'Etat, avant d'être transféré à la prison de
Téboursouk puis à des prisons en France.
Biographical Information
Habib Ben Ali Bourguiba
(At a Glance)
Interests: Politique, Economie
Place of Origin: Tunisia
Le régime de Vichy le livra à Rome en 1940 à la demande de Mussolini
qui espérait l'utiliser pour affaiblir la Résistance en Afrique du
Nord. Cependant Bourguiba ne voulut pas cautionner des régimes
fascistes et lança le 8 août 1942 un appel en faveur du soutien aux
troupes alliées face aux forces de l'Axe. Cette position lui valut
d'être aussitôt arrêté par les Allemands, mais allait être à l'origine
de sa remise en liberté, en avril 1944.
En 1945 cependant, la position française resta inchangée et Bourguiba
partit s'installer au Caire, où se trouve le siège de la Ligue des
Etats Arabes, en vue de rallier des soutiens à la cause nationaliste
tunisienne. De concert avec Abdelkrim Al Khattabi, il y participe à la
fondation du Bureau du Maghreb Arabe, avant de repartir pour New York,
en décembre 1946, afin de faire connaître la cause de la Tunisie aux
Nations Unies. Dans les années qui suivirent, Bourguiba visita de
nombreux pays, où sa forte personnalité lui valut nombre de victoires
diplomatiques.
Conscient de l'importance du combat pour la liberté, à partir de
l'intérieur même du pays, il rentre en Tunisie en septembre 1949, avant
de s'embarquer de nouveau pour la France en vue de gagner des
sympathisants au sein de la gauche française et de faire connaître
davantage le mouvement nationaliste tunisien. Il annonce un programme
en sept points et, intéressé par la première expérience de pourparlers,
apporte son soutien à la participation du Leader Salah Ben Youssef au
sein du Cabinet Chenik formé en vue des négociations.
Toutefois,
les résultats ne furent pas à la mesure des attentes des nationalistes
puisqu'ils débouchèrent sur le Mémorandum du 15 décembre 1951 imposant
la co-souveraineté. Habib Bourguiba le rejeta ouvertement, ce qui
constitua l'une des premières étincelles de la révolution armée, qui
éclata le 18 janvier 1952, date à laquelle se tint dans la
clandestinité, le Congrès extraordinaire du Parti dont le Résident
Général Jean de Hautecloque avait interdit l'organisation et qui allait
réclamer l'indépendance.
Bourguiba fut alors éloigné à
Tabarka, puis à La Galite où il passa deux années en exil, mais
conserva le contact avec les patriotes qu'il appelait à la résistance
et à la persévérance dans le combat.
Après le rejet des réformes de Pierre Voisard, le 4 mars 1954, il fut
transféré à l'île de Groix et dans des endroits proches de Paris d'où
il continua de suivre l'évolution de la cause tunisienne. Arrivé au
pouvoir en France, le 18 juin 1954, Pierre Mendès-France effectua une
visite en Tunisie et prononça son fameux discours du 31 juillet 1954
dans lequel il annonça que son Gouvernement reconnaissait l'autonomie
interne de la Tunisie. Un Gouvernement intérimaire fut alors constitué
en vue des pourparlers, avec la participation de trois membres du Parti
du Néo-Destour; et il fut procédé à la signature du Traité de
l'autonomie interne, le 3 juin 1955.
Un différend majeur
éclata alors, entre le Leader Habib Bourguiba et le Secrétaire général
du Néo-Destour, le Leader Salah Ben Youssef pour qui les accords de
l'autonomie interne constituaient un pas en arrière. Le différend
s'aggrava au point de provoquer une scission dans les rangs des
militants et de fissurer l'unité nationale. Le différend allait être
tranché au profit de Bourguiba, lors du congrès que le Néo-Destour tint
à Sfax le 15 octobre 1955. Quelques mois plus tard, le cours de
l'histoire allait aider les Tunisiens à réclamer l'indépendance totale.
Le Gouvernement tunisien engagea, en effet, des pourparlers qui
s'achevèrent par la signature du Protocole du 20 mars 1956.
Le 8 avril 1956, il fut procédé à l'élection de l'Assemblée Nationale
Constituante dont le Leader Habib Bourguiba fut le premier président.
Le 14 avril 1956, il fut chargé de former le premier gouvernement de la
Tunisie indépendante. Le 25 juillet 1957, était proclamé le régime
républicain et Bourguiba devenait Président de la République.
Il
entreprit, depuis lors, de débarrasser le pays de toutes les séquelles
de la période coloniale. Les réformes se succédèrent pour mettre en
place un Etat moderne, parachever la souveraineté nationale et
moderniser la société, à travers la propagation de l'enseignement et la
promulgation du Code du statut personnel. Le pays fut divisé en 14
provinces, appelées Gouvernorats, dotés d'une administration moderne.
Le Congrès de Bizerte instaura la coexistence des trois secteurs
(public, privé et coopératif); mais l'expérience de coopérativisation
ayant manqué détruire l'économie du pays, Bourguiba se résolut à
changer d'orientation économique à partir d'octobre 1969.
Défenseur
passionné d'une modernité arabe, l'ancien président s'est également
distingué de ses homologues en politique étrangère. Vingt ans avant le
président égyptien Anouar el-Sadate, il préconise la normalisation des
rapports avec Israël en proposant la création d'une fédération entre
les Etats arabes et l'Etat hébreu, une suggestion qui lui attirera les
foudres des nationalistes de la région. Sous la pression de ses
partenaires, Habib Bourguiba condamne à son tour les accords de paix de
camp David en 1978, ce qui, en contrepartie, vaudra à la Tunisie
d'accueillir le siège de la Ligue arabe, puis celui de l'Organisation
de libération de la Palestine (OLP).
Enfin, bien que l'Islam
reste la religion d'état, le pouvoir des chefs religieux fut grandemant
réduit. Les femmes accèdent à un statut inouï dans le monde arabe,
dépassant même celui des Françaises dans certains domaines. La
polygamie est interdite, le divorce autorisé et l'avortement légalisé.
Habib Bourguiba divorce de Mathilde puis épouse Wassila à qui il remettra de plus en plus de pouvoir, l'âge venant.
Le 11 octobre 1971, les assises du congrès du Parti Socialiste
Destourien tenues à Monastir adoptèrent une orientation qui n'eut pas
l'heur de lui plaire. Alors, un deuxième congrès, convoqué, toujours à
Monastir, le 12 septembre 1974, décida d'amender la Constitution de
façon à instituer la présidence à vie au bénéfice du Leader Habib
Bourguiba.
Quoiqu'elle eût à connaître durant les années 70
une période de relance économique, grâce à l'adoption d'une politique
de libéralisation de l'économie mise en place par feu Hédi Nouira, la
Tunisie ne fut pas à l'abri des convulsions politiques, sociales ou
économiques, qui allaient s'amplifier, tout particulièrement au milieu
des années 80. Le clientilisme (ou "pistonnage") prit de plus en plus
d'ampleur jusqu'à étouffer le développement économique social du pays.
La situation devint d'autant plus complexe que l'âge avancé du Leader
Habib Bourguiba, l'aggravation de son état de santé et son incapacité
de gérer les affaires de l'Etat, attisaient les convoitises de tous
ceux qui, autour de lui, s'entre-déchiraient pour la succession.
Le
pays s'engagea ainsi dans une crise politique et sociale étouffante,
rendue encore plus grave par la dégradation de la situation économique
qui était perceptible à travers la paralysie des rouages de l'Etat et
l'obscurcissement des horizons devant les Tunisiens et les Tunisiennes,
aiguisant leur sentiment d'inquiétude, de désespoir et de perte de
confiance en le présent comme en l'avenir. Cette situation favorisa la
montée de l'Islamisme, ce qui mena le pays au bord de la guerre civile,
avec des émeutes de plus en plus vives.
Commencé dans une
atmopshère de libéralisme et de laïcisation de la société tunisienne,
le long règne de Bourguiba s'achève dans une atmosphère de crépuscule
alimentée par une une grave crise économique et une véritable paranoïa
du chef de l'Etat, engagé dans une lutte sans merci contre la montée de
l'islamisme menée par le général Ben Ali.
Devant les dangers qui guettaient le pays et les menaces qui pesaient
sur sa sécurité et sa stabilité, Zine El Abidine Ben Ali, nommé Premier
Ministre, le 2 octobre 1987, se résout à intervenir, le 7 novembre de
la même année. Certificats médicaux à l'appui, il destitua le Président
Bourguiba, jugé sénile, et prit en main les destinées du pays à l'issue
d'un «coup d'Etat médical», unique dans les annales du monde arabe.
Dans
sa Déclaration du 7 novembre, le Président Ben Ali a rendu hommage aux
énormes sacrifices consentis par le Leader Habib Bourguiba, premier
Président de la République Tunisienne, en compagnie d'hommes valeureux,
au service de la libération de la Tunisie et de son développement.
Le Président Ben Ali a entouré le Leader Habib Bourguiba de ses
attentions et de sa sollicitude, en hommage à la place qu'il occupe
dans l'histoire du pays et aux services louables qu'il a rendus à la
patrie. Le Leader Habib Bourguiba fut assigné à résidence à Monastir,
sa ville natale, où il s'était fait construire un imposant mausolée de
marbre blanc, dans une résidence confortable et où il bénéficia d'une
sollicitude constante de la part d'une équipe médicale et d'un
personnel attentif à tous ses besoins. Habib Bourguiba se disait
lui-même «bien traité» par le nouveau pouvoir. Souffrant de troubles de
l'élocution et de l'attention depuis plusieurs années, le «combattant
suprême» recevait parfois quelques visiteurs étrangers, mais aussi
l'actuel chef de l'Etat, qui aimait néanmoins s'afficher aux côtés de
celui qui restera dans l'histoire comme le véritable fondateur de la
Tunisie moderne. De son côté, le Leader Habib Bourguiba rendit visite
au Président Ben Ali, au Palais de Carthage, le 13 mai 1990.
Le
5 mars 2000, Bourguiba est hospitalisé en urgence, mais retourne chez
lui 8 jours plus tard, où il mourra le 6 avril 2000 à l'âge de 97 ans
environ.
Avec la disparition du Leader Habib Bourguiba, la
Tunisie et le monde perdent l'un des chefs historiques qui ont conduit
leurs pays à l'indépendance et à la liberté, et l'un des plus grands
hommes que le vingtième siècle ait connus au Maghreb, dans le monde
arabe, en Afrique et dans le Tiers-monde. (source tunisie.online.fr)