Kwame Nkrumah
Ghana
Kwame Nkrumah (21 septembre 1909 à Nkroful, Ghana - 27 avril 1972 à Bucarest, Roumanie) est un homme politique indépendantiste et pan-africaniste ghanéen.
Professional Information
Professional Areas:
Government
Working primarily in:
Ghana
Description of Work:
Fils unique, son nom « Kwame » vient du fait qu’il est né un samedi.
Comme étudiant, Nkrumah a été séduit par la vision du Dr Kwagyir
Aggrey, diplômé aux Etats-Unis, qui était convaincu que le salut des
noirs, comme aux USA, pouvait venir de leur auto-amélioration par une
meilleure éducation.
Nkrumah a commencé sa carrière comme enseignant dans une école
religieuse, avant de devenir rapidement principal. Il a tenté de créer
un environnement de haut niveau pour ses élèves, en créant des clubs
littéraires, des sociétés académiques, ou en invitant des personnalités
à venir discuter avec les élèves.
Pendant ce temps, la grogne contre la puissance coloniale britannique, menée par
J. B. Danquah et les planteurs de cacao montait, dans un pays qui commençait à rêver d’indépendance.
Convaincu d’être appelé à jouer un rôle historique dans l’indépendance
de son pays, Nkrumah estimait que son éducation n’était pas encore au
niveau qui devait être celui d’un futur leader, et a pris la décision
de continuer ses études aux Etats-Unis.
Nkrumah arrive aux Etats-Unis en 1935, bien décidé à compléter son bagage académique.
Son arrivée là-bas est un choc lié à l’extrême pauvreté qui le
caractérisera. Il lui arrivera de dormir dans les rues, et pour
financer ses études, il sera contraint d’accepter des petits boulots
bien éloignés de ses capacités : vendeur de poisson, ouvrier agricole,
ou encore employé d’usine.
Il a pu développer ses talents d’orateur, qui s’avéreront très utiles
par la suite, en participant à des meetings religieux. Nkrumah a
également étendu son répertoire politique en assistant à des meetings
politiques socialistes et communistes.
Son séjour aux Etats-Unis lui a permis d’étudier en détail la politique
américaine, son histoire et toutes ses subtilités, et de voir dans
quelle mesure le Ghana, voire l’Afrique entière pourraient en
bénéficier.
C’est naturellement à cette occasion qu’il a pris conscience de la
force que l’unité d’un état a conférée aux Etats-Unis, et a commencé à
rêver de la puissance qu’un tel schéma produirait en Afrique.
Nkrumah a fait ses débuts d’auteur aux Etats-Unis, publiant en 1943
Education and Nationalism in Africa, puis
Towards colonial freedom
une vive dénonciation de la colonisation, dépeinte comme un moyen de
priver les indigènes du droit que Dieu leur avait offert de connaître
la prospérité.
Il quitte les Etats-Unis en 1945 solidement diplômé.
Bachelor of Science degrees en Economie et Sociologie,
Bachelor of Theology degree et
Master of Philosophy degree. Il avait également quasiment terminé son doctorat en philosophie.
Sa prochaine destination : l’Angleterre, le pays qui maintenait la Gold Coast sous sa domination.
Kwame Nkrumah arrive à Londres en 1945, et établit très rapidement des
contacts avec la diaspora de son pays présente à Londres.
Il devient rapidement membre d’un groupe se réunissant tous les Jeudi et Samedi après-midi chez le Dr
Hastings Kamuzu Banda.
Ce groupe était composé d’éminents politiciens, dont une grande partie
joua par la suite un grand rôle en apportant l’indépendance à leur pays
:
Kenneth Kaunda (Zambie),
Jomo Kenyatta (Kénya),
Joshua Nkomo (Zimbabwé),
Julius Nyerere (Tanzanie),
Kojo Botsio,
Harry Nkumbula (Zambie), et bien d’autres.
Nkrumah continue son apprentissage politique en suivant des cours de politique et de socialisme à la
London School of Economics and Political Science.
Sa plus importante activité fut de participer au
West African Secretariat, et il devint très rapidement un des hommes-clé du
Mouvement Pan Africain, et fut en particulier le Secrétaire-Général du 5è Congrés pan-africain qui se tint à Manchester en 1945.
Pendant la préparation de ce congrès, il rencontra le socialiste Indien
George Padmore,
et une grande amitié personnelle, ainsi qu’une connivence idéologique
naîtra entre les deux hommes. Ils ont rédigé ensemble la déclaration de
clôture du Congrès qui demandait, de façon très vigoureuse, une
libération de l’Afrique pour une auto-administration.
Leur collaboration a continué bien après ce congrès, ils ont ensemble
inondé Londres et tous les centres de décision anglais de moult
pamphlets et protestations, tant et si bien que le nom « Nkrumah »
devint rapidement synonyme de la lutte pour l’indépendance de la Gold
Coast.
Le 14 Novembre 1947, Kwame Nkrumah met un terme à son séjour anglais,
et prend le bateau pour retourner dans son pays, fermement décidé à
mettre un terme à la domination anglaise.
Biographical Information
Kwame Nkrumah
(At a Glance)
Interests: Politique, Economie, Culture
Place of Origin: Ghana
Après 12 ans d’absence, Kwame Nkrumah retrouve son pays le 10 Décembre
1947. Il retrouve un pays encore sous forte domination britannique,
mais un pays résistant de plus en plus à la puissance coloniale.
Une forte répression était en cours, les britanniques voulant tuer dans
l’œuf toute velléité d’indépendance : les grèves furent interdites,
certains responsables politiques furent exhilés de force, et les
responsables britanniques suspectés de sympathie avec les
indépendantistes perdirent leur poste.
Nkrumah devint rapidement le Secrétaire Général du principal parti
United Gold Coast Convention (UGCC) dirigé par
J.B. Danquah,
et commencera rapidement un tour du pays qui lui permettra de révéler
ses talents d’orateur, et de montrer sa puissante rhétorique, tout en
lui permettant de prendre le pouls du pays, et de sentir que ce dernier
commence à rêver de plus en plus d’indépendance et d’auto-détermination.
Il met sur pied une campagne pacifiste, destinée à mettre en
difficultés l’administration britannique. Au programme, boycott des
produits européens, grèves de plus en plus fréquentes, ralentissement
de l’économie.
Le
28 Février 1948 marquera un tournant de l’histoire d’un pays où rien ne sera plus comme avant.
D’anciens militaires manifestaient pacifiquement, et surtout sans leurs
armes, quand l’armée anglaise ouvrit le feu. 63 d’entre eux furent tués
ou gravement blessés. 5 jours d’émeutes conduisirent l’administration
britannique à décréter l’état d’urgence et à emprisonner tout
l’état-major de l’UGCC, dont Kwame Nkrumah.
Le calme ne revint pas totalement, et sous la pression, l’Angleterre
dut mettre sur pied un plan qui devait ultimement conduire le pays à
l’indépendance.
Dans le même temps, selon certaines sources, convaincu que l’UGCC ne
comprenait pas totalement sa vision, Nkrumah démissionna de ce parti
pour fonder le
CPP ou
Convention Peoples Party. D’après d’autres sources, il en fut exclu pour avoir mené une campagne de désobéissance civile.
Quand des municipales furent organisées en 1950, bien qu’emprisonné
cette année là, Nkrumah connut un grand succès puisque son parti gagna
avec 22.780 voix sur 23.122 votants.
Libéré en 1951, Nkrumah continua la lutte pour l’indépendance, et progressivement l’Angleterre lâcha prise.
Le
05 Mars 1952, Kwame Nkrumah est nommé Premier Ministre.
Le
18 Novembre 1956 une date est trouvée pour l’indépendance, et celle-ci sera le
06 Mars 1957.
Après plusieurs années de lutte, Kwame Nkrumah peut savourer son
triomphe, ce 06 Mars 1957, c’est devant une foule enthousiaste qu’il
déclare l’indépendance de son pays.
Le nom du pays sera changé, de
Gold Coast il deviendra
Ghana, du nom d’un des plus anciens empires ouest-africains.
Nkrumah prononcera un discours qui fera date, et qui montre qu’au
moment où son pays accède à l’indépendance, toutes ses pensées vont
déjà vers les autres pays africains qui eux n’ont pas encore été
libérés car, d’après lui, l’indépendance du Ghana n’a aucun sens, tant
que les autres pays n’auront pas été eux aussi libérés du joug colonial.
Nkwame Nkrumah :
Nous re-dédions maintenant notre action à
la lutte pour émanciper les autres pays car l’indépendance du Ghana n’a
aucun sens, tant qu’elle n’est pas liée à une libération totale du
continent africain.
Nkrumah sera d’ailleurs l’un des pères-fondateurs de L’
OUA ou
Organisation de l’Unité Africaine,
qui voit le jour en 1963. Mais l’aide qu’il propose aux autres pays ne
sera pas acceptée, les différents leaders préférant ici et là jouer
leur carte personnelle.
Après l’indépendance, Nkrumah met sur pied une politique volontariste
et ambitieuse, destinée à permettre au Ghana d’évoluer, et de
s’affranchir de ses limitations antérieures. En particulier, il voulait
développer l’agriculture afin qu’elle ne dépende plus du seul cacao, ce
qui, en cas de chute des prix, aurait mis le pays dans une situation
délicate. Il voulait également réduire la dépendance du pays par
rapport aux manufacturiers étranger, et sortir le Ghana de son rôle de
fournisseur de matières premières.
Tout ceci s’est traduit par la construction de nombreuses routes,
d’hôpitaux, d’université, et d’une foule de projets industriels, dont
un très ambitieux barrage hydro-électrique sur la Volta.
A l’indépendance, les prix du cacao étaient à de très haut niveau, ce
qui a permis à cette politique d’être mise en application, et à Nkrumah
d’être un leader respecté et adoré par ses administrés.
Si l’histoire s’était arrêtée là, l’étoile de Nkrumah serait restée
très haute dans le firmament des leaders africains…
Entre 1960 et 1965, les prix du cacao sur les marchés internationaux
ont connu une chute très brutale, entraînant avec eux les réserves
ghanéennes puisque, malgré la volonté de Nkrumah, le pays était encore
extrêmement dépendant du cacao.
Les prix ont connu une inflation brutale, près de 250% entre 1957 et 1965, dont 66% pour la seule année 1965.
La croissance qui a oscillé entre 9 et 12% jusqu’en 1960 a baissé jusqu’à 2-3% en 1965.
Pour couronner le tout, le chômage a connu une progression exponentielle.
La solution que Nkrumah adopta fut d’augmenter considérablement les
impôts divers, achevant de mécontenter définitivement les plus pauvres
franges de la société ghanéenne.
Nkrumah était convaincu de la justesse de sa pensée, et ne voulait
souffrir aucun obstacle sur le chemin devant mener le Ghana et
l’Afrique en général vers la prospérité. En conséquence, il a
violemment écarté tout obstacle, réel ou perçu, vers cette destinée.
Il a commencé par retirer une bonne partie de leurs pouvoirs aux chefs
traditionnels qui faisaient autorité depuis plusieurs centaines
d’années dans ce pays des Akan.
Il devint rapidement obsédé par sa sécurité, notamment après deux tentatives manquées d’assassinat sur sa personne.
En 1964, il se décréta Président à vie, instaura le mono-partisme et
dissout toutes les formations politiques. Il emprisonna un grand nombre
d’opposants, dont J.B. Danquah avec qui il avait fait équipe dans l’
UGCC.
Pour se justifier :
« même un système basé sur une
constitution démocratique peut être contraint, dans la période suivant
l’indépendance, à des mesures de type totalitaire ».
Coupé du peuple, Nkrumah devint de plus en plus impopulaire au sein de
ces masses laborieuses qui l’avaient porté au pouvoir.
Ce qui devait arriver arriva. Le 24 Février 1966, alors que Kwame
Nkrumah se trouvait en voyage officiel au Vietnam, à l’invitation d’
Ho Chi Min, un coup d’état éclata, mené par le colonel
Emmanual Kwasi Kotoka. Le parlement fut dissous, le parti de Nkrumah, le CPP fut interdit, et Nkrumah lui-même fut banni.
Le reste de la vie de Nkrumah fut donc passé en exil, et c’est à Bucarest en Roumanie qu’il mourut, le 27 Avril 1972.
Son aura fut finalement ternie par les dernières années de son règne,
mais pour beaucoup, Kwame Nkrumah restera un visionnaire, l’un des tous
premiers à avoir vu la force que pouvait représenter une Afrique unie,
qui aurait pu enfin devenir une puissance économique auto-dirigée, et
non plus une simple pourvoyeuse de matières premières pour le riche
occident. (source grioo.com)