Albert Chinualumogu Achebe
United States
Albert Chinualumogu Achebe né le 16 novembre 1930 à Ogidi, dans l’est du Nigeria est un écrivain nigérian d'expression anglaise. Il est romancier, nouvelliste et poète.
Professional Information
Professional Areas:
Art
Working primarily in:
United States
Description of Work:
Albert Chinualumogu (la partie victorienne de ses prénoms sera
abandonnée en cours de route) est le cinquième d’une fratrie de six
enfants. Ses parents, ibos, sont de fervents chrétiens. Bon élève, il
obtient une bourse pour poursuivre ses études dans un lycée d’Umuahia -
ville que l’on retrouvera souvent dans ses livres - puis à l’université
d’Ibadan.
Entré à la radio nigériane en 1954, Achebe fera une longue carrière
dans la presse de son pays avant de partir enseigner dans des
universités britanniques et américaines. Il se lance très tôt dans la
littérature en faisant paraître des nouvelles dans des journaux
d’étudiants. Lorsqu’il publie en 1958 Le Monde s’effondre, il n’y a pas
encore de tradition romanesque à proprement parler dans l’Afrique
anglophone. Il existait toutefois une littérature coloniale pléthorique
produite par des voyageurs et des fonctionnaires de l’administration
anglaise.
Dans ses essais consacrés au rôle du romancier en Afrique, Achebe a
expliqué que c’est l’image rétrograde et caricaturale que les écrivains
« coloniaux » donnaient du continent qui l’a poussé à se lancer dans
l’écriture afin de « réhabiliter tout ce qui avait été si profondément
bafoué et récusé » par les plumes occidentales. Il s’en prend
particulièrement à l’écrivain anglais Joseph Conrad, auteur de
l’archiclassique Au cœur des ténèbres, qu’il accuse d’avoir « réduit
[dans son roman] l’Afrique à une simple toile de fond privant les
Africains de leur humanité ».
Biographical Information
Albert Chinualumogu Achebe
(At a Glance)
Interests: Art, Culture, Sport
Place of Origin: Nigeria
C’est en contrepoint au roman colonial qu’Achebe a construit son projet
littéraire. Un projet dont le but est, comme il l’a souvent écrit, de «
faire comprendre à [ses] lecteurs que leur passé - malgré toutes ses
imperfections - n’est pas cette longue nuit de barbarie dont les
premiers Européens sont, au nom de Dieu, venus les délivrer ». Le
romancier le réalise en mettant l’Histoire et ses vicissitudes au cœur
de ses récits. Ainsi sa tétralogie, dont Le Monde s’effondre est le
premier tome, propose-t-elle une vaste fresque historique du Nigeria
précolonial à celui d’aujourd’hui, en passant par l’arrivée des
colonisateurs et des missionnaires britanniques et son impact
dévastateur sur la société traditionnelle.
Cette société traditionnelle, qui est incarnée dans le premier volume
par le personnage aristocratique d’Okonkwo, s’effondre moins à cause de
la supériorité du colonisateur qu’en raison de ses propres incohérences
et contradictions, qui l’empêchent de se renouveler. « L’histoire de la
colonisation apparaît ici, explique le spécialiste de cette œuvre
subtile et magistrale Alain Séverac, comme une suite de circonstances
fortuites et d’accidents n’obéissant à d’autres lois que l’éternel
mouvement de pendule qui conduit toute création de l’ordre vers le
chaos et inversement. » Il s’agit, selon l’expression heureuse d’un
autre critique, de la « tragédie de l’histoire » qui est sans doute le
véritable thème de la fiction achébéenne.
Le brio avec lequel Achebe a su raconter cette tragédie tout en se
gardant de porter des jugements moraux a fait de lui l’un des
romanciers africains les plus lus. Le Monde s’effondre, écrit à 25 ans,
a été traduit en une cinquantaine de langues et s’est vendu à 12
millions d’exemplaires. Il a aussi inauguré la célèbre collection
africaine des éditions Heinemann qu’Achebe a dirigée de 1962 à 1972.
Paralysé des membres inférieurs à la suite d’un accident de voiture
survenu en 1990, Chinua Achebe vit aujourd’hui aux États-Unis où il est
professeur de littérature au Bard College de New York. L’éloignement de
la terre natale, où il ne peut retourner pour des questions de santé et
dans laquelle il a toujours puisé son inspiration, explique qu’Achebe
n’a guère publié de fiction depuis la parution de son dernier roman Les
Termitières de la savane il y a quelque vingt ans. Il n’a pas pour
autant cessé d’écrire, comme le prouve la parution récente d’un recueil
de ses poèmes en Angleterre. Il a également publié il y a quelques
années, à l’occasion de ses 70 ans, une collection d’essais issus des
discours prononcés à Harvard et intitulée Home and Exile (« Maison et
exil »), dans laquelle il explore son étonnant parcours d’écrivain dans
une société où la chose écrite n’a toujours pas le prestige de la
littérature orale.