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Ricardo Rangel

Mozambique

Né en 1924 à Lourenço Marques, Ricardo Rangel est un photographe.


Plus de utilisateur: miba
Creer: 2nd Jun 2008
Modifier: 14th Jul 2008
Professional Information
Professional Areas:
Art
Working primarily in:
Mozambique

Description of Work:
Ricardo travaille dans un garage, où il fait la connaissance d’un chasseur d’éléphants dont le violon d’ingres est la photographie. Celui-ci lui propose d’assurer l’entretien de sa chambre noire. Vient la Seconde guerre mondiale. Lourenço Marqués accueille des réfugiés juifs, dont un Tchécoslovaque qui va y ouvrir un studio de photographie. Il embauche Ricardo qui, pendant dix ans, s’occupe des développements : notamment pour les deux grands journaux de l’époque, le Noticias et le Lourenço Marques Guardian, édité à la fois en portugais et en anglais. Dans sa chambre noire, Ricardo va exercer son œil en travaillant sur les photographies des autres. En 1952, le Noticias décide de lancer une édition du soir et lui propose de devenir reporter photographe. Ricardo s’inscrit aussi à une cellule du parti communiste. La censure et la police politique, la Pide, veillent, et il fait de la prison. Au début des années 1960, un nouveau journal (Tribuna) se lance, avec le soutien de libéraux. «Ils m’ont dit: tu vas faire les photographies qui te plaisent. J’ai exigé de pouvoir m’acheter mes propres appareils.» Il prend alors une photographie aérienne des deux villes formant la capitale: la «ville de ciment» où sont installés les Européens et la «ville de canisse», celle des Africains. Sa photo est interdite par la censure. En 1964, il quitte Lourenço Marqués, pour Beira, la deuxième agglomération du pays, située plus au Nord, où il va travailler pour le Diario de Moçambique, dirigé par Monseigneur Sebastiao de Rezende: «c’était un militant anti fasciste. il m’a embauché pour mon sang grec, censé me donner, selon lui, un grand sens de la beauté. Et moi, je savais que je pouvais compter sur le poids politique d’un évêque.» Ce qui n’empêche pas Ricardo Rangel de connaître à nouveau la prison. Et de repartir en 1968 à Lourenço Marques pour participer à la création de l’hebdomadaire en couleurs (Tempo) fondé par des journalistes progressistes avec l’argent de Portugais qui rêvaient d’un Mozambique indépendant du Portugal, mais gérés par des Européens : à l’image de la Rhodésie voisine, dirigée alors par Ian Smith. «Je leur ai demandé de payer mes dettes, de me trouver une maison, et d’assurer le transport de ma dauphine Gordini par bateau depuis Beira.» Le régime colonial vit ses dernières années. La censure décortique jusqu’aux petites annonces, pour traquer les soutiens au mouvement indépendandiste du Frelimo. La photo en pleine page prise par Ricardo d’un très vieil Africain, titrée «la fin», tiré en noir et blanc mais un peu rougie, est refusée par la censure. Celle-ci lui demande: «la fin de quoi?» Cette fin, celle des Portugais, arrive en 1975. Débute alors le pouvoir du Frelimo marxiste avec son président, l’emblématique Samora Machel. Ricardo devient son photographe attitré, le suivant dans tous ses déplacements. Il sent un vent de liberté, une grande euphorie. Mais, il avait aussi prévenu: «Les journalistes ne sauront plus écrire après des décennies passées à utiliser des méandres pour contourner la censure.» En fait, ils n’auront pas le loisir de réapprendre à écrire. Le marxisme a du mal à accepter la controverse et une police politique chasse l’autre, la Snaspe mozambicaine (formée à l’école est-allemande) remplaçant la Pide portugaise. «J’ai des amis qui ont connu la prison pendant l’époque coloniale, pour y retourner après l’indépendance. Beaucoup ont préféré ensuite quitter le pays, se souvient Ricardo. Le pays s’est retrouvé sans cadres, avec 99 % des Mozambicains qui étaient analphabètes et un pouvoir des images qui était majeur.» Dans ce pays tout neuf, Ricardo va fonder son Centre de formation photographique, avec l’appui financier du gouvernement italien (jusqu’en 1986) puis d’une ONG danoise. Pas pour l’amour de l’art, mais pour apprendre aux policiers à prendre des photos des suspects ou aux agronomes à photographier les cultures. «Pendant dix ans, nous avons formé au photo-journalisme des fonctionnaires, des médecins, même des missionnaires. Nos cours étaient pragmatiques et devaient répondre aux besoins du pays.» Aujourd’hui, le Centre de formation de Ricardo continue à former des étudiants pour un cycle de cours de six mois. Dans ses locaux du centre de Maputo, Ricardo montre le travail de ses élèves. «Le cours est en noir et blanc, dit-il. Avec une bonne photo en noir et blanc, on peut voir toutes les couleurs. Si nos élèves travaillent sur la couleur, c’est uniquement pour des raisons commerciales.»
Biographical Information
Ricardo Rangel
(At a Glance)
: male
Interests: Art, Politique, Sport
Place of Origin: Mozambique
En 1941, Ricardo Rangel est apprenti photographe. Marié à une Suisse italienne, Béatrice était arrivée au Mozambique pour suivre son premier mari, ingénieur pour la compagnie d’ascenseurs Schindler. Veuve, l’indépendance arrivant, elle propose ses services de traduction au nouveau ministère de l’information. Elle y rencontre Ricardo Rangel, l’un des deux photographes qui n’a pas fui le pays.


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