Mustapha Mamane
France
Mamane est un humoriste d'origine nigérienne né en 1966.
Professional Information
Working primarily in:
France
Description of Work:
Dès 2001, l’ancien scientifique est repéré par la maison de production Blue Line. Son spectacle One Mamane Show raconte l’histoire d’un balayeur africain du métro parisien s’exprimant dans un français châtié. Et citant Voltaire, à l’occasion. Sur le front administratif, sa situation s’améliore. Il obtient une carte de séjour de dix ans et la possibilité de demander la nationalité française. « Je vais le faire, mais simplement pour me protéger », explique-t-il. Bien sûr, il pense avant tout à sa femme et à sa fille. Le fait qu’il soit sous la menace permanente d’une expulsion est pour elles particulièrement pénible.
Les nombreux articles de presse qui lui sont consacrés attirent l’attention de Laurent Ruquier, qui, fin 2005, lui propose de participer à son émission On va se gêner, sur Europe 1. L’essai est concluant. Dès janvier 2006, il devient chroniqueur attitré. Neuf mois plus tard, il rejoint la vingtaine de joyeux drilles qui sévissent dans la version télévisée de l’émission radiophonique. Parallèlement, il livre une chronique quotidienne sur les ondes d’Africa n° 1. Le grand public, sous le charme, découvre un phénomène : un Nigérien plein d’humour et qui ne meurt pas de faim.
La carrière de Mamane est aujourd’hui lancée. Son nouveau spectacle, qu’il présente depuis le début de l’année, narre les mésaventures de l’un de ses cousins africains établi en France. Un personnage fictif dont le quotidien est rythmé par les contrôles policiers (« À force d’être arrêté, Mamadou a écrit un guide des commissariats de police »), les questions migratoires (« Le Cahier du retour au pays natal, d’Aimé Césaire ? Le livre préféré de Brice Hortefeux ») ou le sport (« Quand vous avez traversé la Méditerranée à la nage, ce n’est pas une piscine olympique qui va vous faire peur »). Quant au troisième spectacle, il est déjà en train de l’écrire…
Biographical Information
Mustapha Mamane
(At a Glance)
: male
Interests: Art, Culture, Musique, Sport
Place of Origin: Niger
Dès sa naissance, en 1966, le petit Mustapha voyage avec sa famille au
gré des affectations de son père. Au Nigeria, puis au Cameroun, où il
vit une partie de son enfance, avant de s’installer en Côte d’Ivoire,
où il fréquente le lycée Jean-Mermoz. L’enfant lit beaucoup, la
littérature africaine notamment (Hampâté Bâ, Cheikh Anta Diop, etc.) et
voue un culte aux caricaturistes. Le bac en poche, il rentre au Niger.
Nous sommes à la fin des années 1980. Le pays est dirigé d’une
main de fer par Seyni Kountché, qui oriente les élèves « en fonction
des besoins programmés de la nation ». Pour lui, ce sera la physiologie
végétale, une matière contre laquelle il n’a aucun a priori négatif. Il
obtient même une bourse du gouvernement nigérien pour parfaire ses
études supérieures à Montpellier, dans le sud de la France, où il
prépare une thèse sur « L’influence du stress hydrique sur la nutrition
azotée des légumineuses ». Véridique.
Mais Mamane ne se plaint pas. Une gentille carrière l’attend dans
quelque laboratoire, entre tubes à essai, semis végétaux et becs
Bunsen. « Ma première année de thèse a eu raison de ma motivation, ce
fut un cauchemar », se souvient-il. L’ennui est tel qu’il laisse tout
tomber et monte à Paris dans l’espoir de passer un autre diplôme.
Problème : l’administration refuse de lui renouveler sa carte de
séjour. Mamane décide cependant de rester en France. « J’avais une
dette envers le Niger, je voulais travailler pour m’en acquitter. » Au
prix fort. Le futur artiste au physique frêle et au regard espiègle «
entre en galère ». Ce purgatoire va durer six longues années.
D’étudiant, il devient un « sans-papiers ni-ni », comme il dit. Ni
expulsable ni régularisable, il multiplie, comme tant d’autres, les
petits boulots sans lendemain. « Les Français n’ont aucune idée de ce
qui se passe dans leur pays. Des milliers de clandestins, africains ou
autres, paient des impôts. J’ai vu un tas d’entre eux se ruiner la
santé pour construire le Stade de France. » Heureusement, la haine
n’est pas dans sa nature…
Sans le savoir, il est à un tournant de sa vie. La révélation ?
Elle vient d’une association d’aide au logement qu’il fréquente
(Saint-Vincent-de-Paul), laquelle anime parallèlement un atelier
théâtre. « Comme on avait besoin de quelqu’un pour compléter la
distribution d’une pièce, je me suis proposé. À la condition de n’avoir
rien à dire et de tourner le dos au public. » Soit. Frédéric Leclerc,
le metteur en scène - et futur ami -, lui dégote un rôle de… chef
d’orchestre.
En 1999, pour les besoins d’un spectacle de fin d’année, il écrit
un sketch sur l’équipe de France de football. « Je ne faisais pas cela
sérieusement », dit-il. À sa grande surprise, le public applaudit à
tout rompre. On lui demande d’en écrire un deuxième, puis un troisième,
puis un quatrième… Il se prête au jeu. Très vite, les locaux de
l’association deviennent trop exigus pour accueillir le nombreux public
venu l’écouter. Leclerc le persuade d’aller voir ailleurs.
Il atterrit au théâtre Trévise, là où débutèrent Dieudonné et
Jamel Debbouze. Tous les dimanches, des artistes encore méconnus y
présentent leurs textes devant un aréopage de professionnels. Ils ont,
pour cela, cinq minutes. Alors Mamane se jette à l’eau et lance des
phrases qui font mouche. Du genre : « À force de prendre de nouveaux
virages, l’Afrique tourne en rond. » Ou encore : « Les experts du FMI
viennent en Afrique pour évaluer le terrain… de golf notamment. »