Ali Ibrahim Touré est né en 1939 dans le village de Kanau, au Mali. Son surnom de Farka vient du fait qu`il est le 10e enfant de ses parents et surtout le premier à avoir vécu au-delà de l`enfance.
Mali Description of Work:
Farka signifie "âne", symbole de la force
et de la résistance physique. La famille d`Ali Farka Touré est noble et
issue de l`ethnie Arma, elle-même issue des Songhaï. Ali était encore
un bébé lorsque son père, militaire, perdit la vie en servant l`armée
française pendant la guerre 39-40. Après la guerre, la famille
s`installe à Niafounké à 200 km au sud de Tombouctou, village de quand
même 20.000 habitants, où Ali Farka Touré vit encore aujourd`hui.
Ali ne va pas à l`école. Dans cette région essentiellement agricole,
son éducation se déroule aux champs. Mais la musique, très présente au
sein de la vie culturelle commune, ne laisse pas l`enfant indifférent.
Cependant, dans cette famille, la musique n`est pas une tradition. Bien
au contraire. Lorsque Ali montre donc quelque intérêt pour cet art, ses
parents ne s`en réjouissent guère. Pourtant dès son enfance, Ali se
passionne pour les instruments : le gurkel, petite guitare
traditionnelle, le njarka, violon populaire, la flûte peul ou le luth
ngoni à 4 cordes. Il se forme à la guitare avec son maître, Mamby
Touré. La vraie révélation a lieu lorsqu`en 1956, le jeune Ali assiste
au spectacle du Guinéen Fodeba Keita. Il sait alors que sa voie est
indéniablement dans la musique. Pourtant à cette époque, Ali est
chauffeur de taxi puis après un passage comme chauffeur en Guinée,
c`est chez lui à Niafounké que l`administration le recrute pour la même
fonction. Il travaille alors pour le dispensaire où un des infirmiers
possède une guitare achetée à un magazine français de vente par
correspondance. Ali peut lui emprunter contre quelques corvées. Mais
que ne ferait-il pas pour jouer de son instrument favori ?
Outre la pratique des instruments (guitare, accordéon, percussions),
Ali commence à composer sur des bases traditionnelles. De plus, sa
rencontre avec l`écrivain malien Amadou Hampaté Bâ aiguise son goût
pour l`écriture. Les deux hommes se lient d`amitié, et l`écrivain est
séduit par la curiosité et la grande culture du jeune autodidacte (Ali
Farka Touré n`a jamais été à l`école). A la fin des années 50, ce
dernier suit Hampaté Bâ à travers le Mali un Nagra (magnétophone) à la
main afin de recueillir nombre sources musicales du pays.
Biographical Information
Ali Ibrahim Touré (At a Glance)
: male
Interests: Art, Music, Sport, Culture
Place of Origin: Mali
En 1960, le Mali se proclame indépendant. La nouvelle politique du pays
voit l`essor des groupes officiels représentant chacun une région.
C`est à cette époque qu`Ali Farka Touré commence à faire de la musique
sa profession. Il devient même directeur de son groupe, la Troupe 117,
avec laquelle il travaille sur un bateau-ambulance. Ensemble, ils
tournent à travers les festivals et les concours du pays dans lesquels
ils brillent assez souvent, en particulier au festival de Mopti qu`ils
remportent avec succès.
C`est en avril 68, qu`Ali Farka Touré achète sa toute première guitare
à Sofia en Bulgarie. Alors âgé de presque 30 ans, Ali effectue là son
premier voyage hors d`Afrique à l`occasion du festival international
des Arts. Mais cette même année, les troupes régionales sont dissoutes.
Deux ans plus tard, le musicien intègre l`orchestre de Radio Mali tout
en occupant un poste d`ingénieur du son qui lui permette de se
familiariser avec les techniques de studio. Des années plus tard, il
rendra hommage à cette station de radio dans un album portant son nom.
Il restera à Radio Mali en tant qu`employé jusqu`en 1973, date à
laquelle la formation sera dissoute par le gouvernement.
En cette fin des années 60, il découvre aussi la musique noire
américaine en général et le blues en particulier. C`est une véritable
révélation. Ali s`emballe tout spécialement pour John Lee Hooker dont
il compare la musique au peuple Tamascheck du nord du Mali.
Après avoir exercé la musique en groupe pendant plus de dix ans, Ali
Farka Touré se lance enfin dans une carrière solo. Il donne de nombreux
concerts dans toute l`Afrique de l`Ouest et sa connaissance d`une
dizaine de langues, lui permet d`aborder de nombreux styles
traditionnels.
Il faut attendre 1976 pour qu`il sorte son premier disque, "Farka".
Enregistré et produit dans les studios de Radio Mali, ce titre est un
énorme succès pour cet artiste de 37 ans. Toujours très lié à Amadou
Hampaté Bâ, ce dernier l`entraîne avec lui lors d`un voyage en France
la même année. A cette époque, il vit un peu en France et sort
plusieurs disques sur le label Sonodisc. Mais, Ali Farka Touré n`est
guère tenté de s`installer en France et retourne au Mali où il est
désormais une vedette très sollicitée.
Les années 80 se déroulent au rythme des concerts et de quelques
enregistrements. Mais, sa carrière prend un tour différent lorsqu`en
1987, Ali Farka Touré entame sa toute première tournée européenne. En
Angleterre, il joue même lors d`un festival au stade de Wembley devant
un parterre de 18.000 personnes ! Dans la foulée, il s`envole pour le
reste de l`Europe, pour les Etats-Unis et le Japon. L`Occident est
alors en pleine vogue de la world music et le talent d`Ali Farka Touré
trouve une énorme audience hors de l`Afrique, aussi bien auprès du
public que des professionnels.
Ce succès international lui vaut un contrat sur le label World Circuit
dont la première production se nomme "10 Songs From The Legendary
(Songs from Mali)", suivi de très près de l`album "Ali Farka Touré". Le
label se jette sur le répertoire incroyablement riche de l`artiste et à
partir de cette époque, Sonodisc ressort de son côté les anciens 33
tours sur CD.
En dépit de cette réussite internationale, Ali Farka Touré passe plus
de temps sur ses terres maliennes qu`en Occident. Une des raisons en
est sa passion pour l`agriculture et son investissement personnel dans
de larges projets agricoles en matière d`irrigation. Père de nombreux
enfants, Ali possède 350 hectares de terres, essentiellement du riz,
dans sa région d`origine, à Niafounke.
Cependant, il revient sur le devant de la scène world en 90 avec
l`album "The River" et dès l`année suivante avec "The Source". Sur ce
dernier album, il partage un duo avec le bluesman américain Taj Mahal.
Ali Farka Touré est désormais une des plus grandes vedettes de la
musique africaine autant sur son continent qu`en Occident. Celui qui
affirme en parlant du blues noir américain : "Moi, j`ai la racine et le
tronc, eux ils n`ont que les feuilles et les branches", a l`occasion de
jouer avec John Lee Hooker au cours de l`été 91. Leur duo, très
symbolique, représente la longue route de la musique africaine au cours
des siècles. Mais son plus gros succès sur la scène internationale
correspond à la sortie de l`album "Talking Timbuktu" en 93, album qui
tire son nom de la ville de Tombouctou, lieu mythique en Afrique.
Eminemment teinté de blues, ce travail est le résultat d`un duo avec le
guitariste américain Ry Cooder. Les critiques sont dithyrambiques et
l`album, enregistré à Los Angeles, décroche le Grammy Award, suprême
récompense de l`industrie musicale.
Outre quelques passages parisiens au New Morning en 91 ou au Passage du
Nord Ouest en 92, Ali Farka Touré est présent sur de nombreuses scènes
dans le monde comme à Dakar en avril 95 au théâtre de verdure Gilles
Obringer (du nom d`un animateur de RFI décédé en 94) ou à Nantes en
juillet 95 où on le voit défendre la culture malienne aux côtés de
Salif Keïta.
C`est un hommage aux années passées au sein de Radio Mali qu`Ali Farka
Touré rend à travers son album "Radio Mali" en 96. Entièrement chantés
en songhaï, en peul ou en tamaschek, les 16 titres de l`album ne sont
bercés que par la guitare (presque) solo du musicien. Les passerelles
entre le blues américain et les sons du Sahel transparaissent très
nettement dans cette production tout en finesse.
Mais dès 97, Ali déclare qu`il veut se retirer de la scène
définitivement pour se consacrer à l`agriculture dans son village, à
200km de Tombouctou. L`information provient même du SYFIA (Système
Francophone d`Information Agricole). Le projet de celui qui annonce :
"Sur mes papiers, c`est écrit artiste, mais en réalité, je suis
cultivateur", dépasse le cadre de l`agriculture puisque son but, est de
donner du travail aux jeunes de sa région afin de lutter contre l`exode
rural.
De plus, il s`investit aussi dans la production de jeunes artistes et
crée un studio à Bamako du nom de Emi Cassette. On lui doit entre
autres le "parrainage " de Rokia Traoré, prix "Découverte Afrique RFI"
en 97.
Contrairement à ce qu`il avait annoncé, Ali Farka Touré réapparaît en
juin 99 avec un nouvel album "Niafunké". Mais d`une certaine façon, il
ne sort pas pour autant de ses terres qui sont au centre du disque.
Toujours coloré de blues, le travail d`Ali évoque le travail de la
terre, mais aussi l`apartheid, l`éducation ou la justice. Enregistré
dans un studio mobile, cet album a pu être réalisé sur place. Ali Farka
Touré hésite toujours entre la musique et le travail que lui procure sa
propriété au Mali. Il donne quand même quelques concerts dont un au
Festival d`Essaouira en juin 2000 et un autre au Festival de Jazz de la
Villette à Paris en juillet de la même année. En août, il annonce à New
York la fin de sa carrière musicale pour "laisser la place aux
nouvelles générations" et redevenir définitivement un paysan sur ses
terres de Niakunke.
En 2002, il apparaît coup sur coup dans deux longs métrages : "Ali
Farka Touré - Le Miel n`est jamais bon dans une seule bouche", puis
dans "Et je chanterai pour toi", dont le personnage principal est son
compatriote guitariste Boubacar Traoré. Le blues malien et ses
musiciens inspirent le cinéma, car c`est ensuite le réalisateur
américain Martin Scorsese qui filme Ali Farka Touré dans "Du Mali au
Mississippi" diffusé sur les écrans en 2004.
L`agriculteur ne peut toutefois s`empêcher de remonter de temps à
autres sur scène : en 2003, il se produit au Festival au désert, au
nord de Tombouctou, puis accepte une invitation à venir jouer à
Bruxelles en janvier 2005, pour accompagner la sortie de "Red &
Green", rééditions des deux albums "La Drogue" et "Sidi Gouro" sortis
en 33 tours en 1984 et 1988.
Ali Farka Touré reste un des musiciens africains les plus appréciés à travers le monde, jouissant d`une formidable notoriété. (source abidjan.net)