Geoffrey Oryema
France
Geoffrey Oryema, est un musicien, auteur-compositeur et chanteur de rock/world music, né le 16 avril 1953 à Soroti, en Ouganda.
Professional Information
Professional Areas:
Music
Working primarily in:
France
Description of Work:
Durant les premières années en France, dans les années 80, Geoffrey multiplie les petits boulots. Finalement, ses premières maquettes de disques tombent dans les oreilles des programmateurs britanniques du Womad, premier festival marquant de musique de monde, initié par Peter Gabriel. Dans le moulin de Bath, quartier général du tout nouveau label Real World en Angleterre, Oryema enregistre son premier album, "Exile", en 1990. Alternant morceaux à la guitare et titres accompagnés de harpe nanga, de sanza et de flûte nyamuleré, l'album est produit par Brian Eno, grand metteur en son des Talking Heads et de U2. Cette première galette est remarquée par les critiques avant d’être consacré par le grand public via le tube "Ye Le Le" qui servira de générique à une célèbre émission télévisée des années 90, le Cercle de minuit.
Sobre et poignant, à l’avant garde d’une nouvelle vague d’artistes africains qui privilégient l’acoustique plutôt que les grands orchestres des années 80, "Exile" permet alors à Geoffrey Oryema de côtoyer la scène française (duo avec Alain Souchon, Catherine Lara, mais aussi l'Algérien kabyle, un autre exilé, Idir ou le pianiste de jazz Michel Petrucciani) et de s’installer parmi les meilleurs vendeurs du label Real World.
En 1994, "Beat The Border", second disque chez Real World élargit encore un peu plus son audience. Son audacieux mélange d'acoustique et de son synthétiques lui ouvre la porte des Etats-Unis. Geoffrey Oryema s'installe douze semaines au sommet du prestigieux Billboard World Music. On le voit à la télé sur le NBC Today show et sur les scènes américaines à l'occasion de plusieurs tournées au profit d'associations humanitaires ( Reebok Human Rights Awards, Rainforest Foundation International Benefit...). Oryema, qui explique que sa musique " vient de son cœur " et qu'il n'a nullement l'intention " d'être cantonné dans un ghetto musical " parce qu'il souhaite " être universel " poursuit son va et vient entre Nord et Sud, rock et tradition, en sortant en 1997 son troisième album pour Real World, "Night To Night". Serti de la présence du collègue zaïrois Lokua Kanza (qui intervient sur trois morceaux), hanté par les fantômes des Stones, des Shadows, de Roxy Music, mais aussi les réminiscences d'Ali Farka Toure et de Baaba Maal, cet album qui trouve moins son public que les précédents pousse à son paroxysme le grand écart entre les deux hémisphères cérébraux et musicaux de l'Ougandais.
Installé en Normandie, marié à une Française, celui qui continue à avoir une relation "d'amour et de haine avec l'Afrique" a attaqué le 21ème siècle au sein d'une nouvelle maison de disques (Sony) et avec un "Lost Spirit" qui ressemble à un exorcisme. Sur ce disque poignant, sorti début 2000, produit par Rupert Hines et appuyé par l'ancien clavier des Wailers Tyrone Downie, Geoffrey Oryema se penche enfin sur son passé ougandais en dédiant une de ses chansons à son père. Le moment, enfin, de renouer avec le pays natal ?
Comme il l'a toujours fait régulièrement, le chanteur donne une série de concerts à travers la France en 2002.
Geoffrey Oryema revient aux sources en 2004 avec Words, disque produit par Adrian Chivers, ancien ingénieur du son de Real World. Sous des dehors très pop, l’album mêle toujours les instruments traditionnels, la nanga, le lukémé, aux guitares et aux programmations. Nadine Marchal et Mélanie Gabriel (la fille de Peter Gabriel) apportent leurs voix.
L’artiste, désormais naturalisé français, reste plus que jamais un citoyen du monde capable de chanter en français, en anglais, en swahili et en atcholi. Comme il l’écrit dans Flying, le voyage est l’ouverture aux autres essentielle, un mode de vie.
Biographical Information
Geoffrey Oryema
(At a Glance)
Date of Birth: Apr/16/1953
: male
Interests: Art, Culture, Musique, Sport
Place of Origin: Uganda
Adopté par la France, figure
marquante de la vague Realworld initiée par l’ex-Genesis Peter Gabriel,
Geoffrey Oryema est né en 1953 à Soroti, dans l’Est de ce qui est
encore le royaume de Buganda, futur Ouganda. Il est issu de la noblesse
acholi, une ethnie nilotique que les colons britanniques considéraient
comme une "race martiale" et qui prit les rênes de l’armée nationale
ougandaise après l’indépendance du pays en 1962.
Lorsqu'il
n'est encore qu'un enfant, sa famille s’installe à Kampala, la
capitale. Ses parents appartiennent à la nouvelle élite intellectuelle
nationale et le plongent très tôt dans la culture traditionnelle. Il
est entouré de nombreux poètes, conteurs, musiciens et son père, alors
professeur d’anglais, lui enseigne l’art de la musique pentatonique, au
son de la nanga (une harpe à sept cordes), et le laraka laka,
musique de la séduction qu’il décrit comme le "vrai rock ougandais". De
son côté, sa mère, à la tête de la compagnie de danse nationale, The
Hearbeat of Africa, l’emmène en tournée à travers le pays. Adolescent,
Geoffrey Oryema se plonge dans la culture rock anglo-saxonne (en
premier lieu les Rolling Stones et la vague flower-power californienne)
qu’il découvre dans les meilleurs lycées de la ville au côtés de la
jeunesse expatriée américaine et britannique tout en continuant à
s’initier à la flûte, au lukeme (le piano à pouces) et à la guitare.
Il songe d’abord à se lancer dans le théâtre et
prend des cours à l'Ecole d’art dramatique d’Ouganda. Alors qu'en 1971,
Idi Amin Dada prend le pouvoir détenu jusque là par Milton Obote, il
commence à écrire ses premières pièces d’avant-garde inspirées par
Brecht, Stanislavski et Grotowski. Dans ce théâtre de l’absurde, mêlant
sons tribaux et bouffées d’onomatopées, improvisations et allégories,
autant de traces que l’on retrouvera ultérieurement dans son œuvre
discographique, percent aussi les premières inquiétudes liées à la
dérive mortifère du régime du Maréchal Idi Amin Dada. Comme il le
rappelle lui même : "Nous devions vivre au jour le jour avec, sous
nos yeux, ce qui se passait dans la rue. Au vu et au su de tout le
monde, des gens étaient abattus ou fourrés dans le coffre d’une voiture".
Cette descente aux enfers trouve son apogée en février 1977 lorsque son
père, devenu ministre de l’Eau et des Ressources, disparaît
mystérieusement dans un accident de voiture qui a tout de l’assassinat
maquillé.
Pendant
que celui qu’on surnomme "l’Ubu noir" multiplie les exactions contre
les Acholis et élimine systématiquement l’opposition, Geoffrey Oryema
décide de quitter son pays. On le retrouve de l’autre côté du Lac
Victoria, au Kenya ou il est accueilli par le Centre Culturel Français
de Nairobi qui accueille sa dernière pièce, le Règne de la Terreur,
dénoncée par le satrape ougandais. Alors que Kampala s’enfonce dans une
terrible fin de règne sous le regard de la Tanzanie qui s’apprête à
mettre fin au règne Idi Amin Dada, Oryema, par amour de la langue
française qu’il considère comme une des plus belles du monde, décide de
rallier Paris, alors la capitale de la nouvelle musique africaine. Il
s'y installe en 1977.