Helen Suzman née Helen Gavronsky le 7 novembre 1917 à Germiston en Afrique du Sud est une femme politique sud-africaine, députée d'opposition progressiste de 1953 à 1989 sous le régime d'apartheid.
Elle entre en politique en se faisant élire en 1953 députée d'Houghton, dans la banlieue de Johannesburg, sous les couleurs du parti uni de J.G.N Strauss, qui fut autrefois celui de l'ancien premier ministre Jan Smuts.
Beaucoup plus radicale que ses collègues du parti qu'elle juge trop timorés dans leurs critiques de l'apartheid, elle quitte le parti uni avec d'autres dissidents pour former en 1959 le parti progressiste (Progresive Party - PP) dont elle est la seule élue au parlement entre 1961 et 1974.
Durant cette période, elle intervient sans relâche pour défendre la
liberté d'expression de tous les Sud-africains et combattre les textes
législatifs organisant la séparation des races.
En 1974, elle est rejointe par 6 nouveaux élus du PP.
En 1989 Suzman renonce à se représenter mais apporte son soutien au nouveau parti democratique et demeure très active dans la politique sud-africaine.
Les Universités d'Oxford, de Cambridge et d'Haward l'ont faite docteur honoris causa et son combat contre l'apartheid lui a valu, en 1978, la médaille des droits de l'homme aux Nations Unies et, en 1980, la médaille de l'héroïsme.
Aujourd'hui, la fondation Helen Suzman participe à la promotion de la démocratie libérale en Afrique du Sud.
Veuve depuis 1994, Helen Suzman, continue de critiquer les politiciens actuels d'Afrique du Sud, notamment le président Thabo Mbeki pour ses positions sur le SIDA et le Zimbabwe, et apporte son soutien à Tony Léon lors de la crise en 2001 au sein de l'Alliance démocratique. En 2005, elle dénonce la pauvreté du débat politique au sein du parlement et s'étonne de voir l'opposition disposer de moins de pouvoirs qu'à l'époque où elle était parlementaire.
Lors de son 90ème anniversaire en 2007, elle en appelle « au renforcement de l'opposition dans une démocratie encore en construction », estimant que ce qui a remplacé l'apartheid n'est pas très satisfaisant. Si elle s'en prend une nouvelle fois au président Thabo Mbeki dont elle fustige « les errements dans la lutte contre le sida » et « sa diplomatie silencieuse envers le Zimbabwe, dont l'économie est en ruine et les droits de l'homme en berne », c'est surtout au fonctionnement du Parlement qu'elle s'en prend. Elle déclare ainsi qu'au moment où elle était la seule députée progressiste, entre 1961 et 1974, elle avait « toujours eu la possibilité d'exprimer ses opinion » mais qu'en 2007, « c'est beaucoup plus difficile, le rôle de l'opposition n'est pas reconnu. Les questions restent sans réponse, elles sont déclarées invalides ».
Ses propos sont ainsi perçus comme une trahison par certains anciens militants de la lutte contre l'apartheid mais selon Helen Suzman, ces critiques émanent de ceux qui « minimisent volontairement le rôle des libéraux blancs peu à peu effacés des livres d'Histoire ». C'est dans ce contexte qu'elle reçoit le soutien de Mangosuthu Buthelezi qui estima qu'elle n'avait pas « reçu la reconnaissance qu'elle mérite » et qu'elle avait manifesté « un grand courage pour amoindrir certains des pires excès du gouvernement d'apartheid. Ce serait travestir l'Histoire que de ne pas reconnaître son rôle dans la narration de notre combat ».
En 2004, Helen Suzman s'est vue attribuée par le public la 24e place sur la liste des 100 plus grands sud-africains de tous les temps.