President de la République Benin
Description of Work:
En 1947, Justin Tomêtin Ahomadégbé est élu au premier Conseil général du Dahomey, sous les couleurs du Bloc populaire africain, dont il est le secrétaire général. En 1956, il crée avec quelques amis une autre formation, l'Union démocratique dahoméenne qui animera, avec les partis de Maga et d'Apithy, la vie politique locale pendant plusieurs décennies. En 1957, il entre au Grand Conseil de l'AOF (Afrique occidentale française). Élu député aux élections législatives du 2 avril 1959, il se retrouve à la présidence de l'Assemblée nationale, un poste qu'il conservera jusqu'en novembre 1960. Le 11 décembre 1960, il se présente à l'élection présidentielle, mais est battu par Maga. Le 29 mai 1961, il est arrêté et jeté en prison pour son implication supposée dans un complot contre la sûreté de l'État. Libéré l'année d'après, il ouvre une clinique dans un quartier populaire de Cotonou, mais renoue très vite avec la politique, en octobre 1963, à l'occasion de l'explosion populaire qui emportera le régime de Maga. Ahomadégbé intègre le gouvernement provisoire formé par le nouveau maître du Dahomey, le colonel Christophe Soglo. Il est ministre d'État, chargé d'un département à la taille de ses ambitions, le Travail, les Affaires sociales, la Santé, la Fonction publique et l'Éducation nationale.

En janvier 1964, Soglo transmet le pouvoir à une coalition Apithy-Ahomadégbé, le premier faisant office de président de la République, le second, de vice-président, chef du gouvernement. Très vite, l'expérience tourne court. Trouvant que son allié lui faisait de l'ombre, Apithy démissionne avec fracas. Cette crise amènera Soglo à reprendre le pouvoir le 22 décembre 1965. Le Dahomey connaîtra alors une longue période d'instabilité. Finalement, un conseil présidentiel regroupant Maga, Ahomadégbé et Apithy, avec une présidence biennale tournante, est mis sur pied le 7 mai 1970. Le premier nommé inaugure ce système original pour les deux premières années, avant de passer le relais, le 7 mai 1972, à Ahomadégbé, que les militaires destitueront cinq mois plus tard. Les trois hommes passeront plus de neuf années en prison, avant d'être élargis par leur tombeur, Mathieu Kérékou.
Né « vers » 1917 dans la cité royale d'Abomey, au centre du pays, Justin Tomêtin Ahomadégbé fit l'essentiel de ses études primaires à l'école catholique de cette ville, avant de rejoindre l'École primaire supérieure Victor-Ballot, à Porto Novo. Par la suite, il entre à l'École de médecine de Dakar, d'où il sort en 1941. Quelques semaines avant d'être mobilisé et envoyé au front, en France, pour combattre l'Allemagne hitlérienne. Une fois démobilisé, il rentre au pays, avec le grade de sergent, exerce sa profession dans différents établissements, avant d'entrer en politique.

Justin Tomêtin Ahomadégbé est décédé d'une « longue maladie », le 8 mars dernier, au Centre national hospitalier et universitaire Hubert-Maga de Cotonou, du nom du premier président de ce petit pays d'Afrique occidentale.