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Aissatou Thiam

France

Née à Dakar d’une mère Martiniquaise et d’un père Sénégalais, Aissatou Thiam est une comédienne et ex-mannequin.


Plus de utilisateur: miba
Creer: 4th Jun 2008
Modifier: 14th Jul 2008
Professional Information
Working primarily in:
France

Description of Work:
De retour à Marseille, Aissatou Thiam se tourne vers un brevet professionnel d'esthéticienne « non pas par vocation mais plutôt parce qu'il fallait choisir quelque chose » avoue-t-elle. Douée, elle sort major de sa promotion mais sur le terrain le travail ne l'enthousiasme guère. Destin ou coup du sort, elle sera repérée par un chasseur de tête qui lui propose de devenir mannequin : « J'ai quand même mis 6 mois à franchir le seuil de l'agence ! ». Bien lui en a prit. Elle défilera pour les plus grands couturiers, d'Yves Saint Laurent à Thierry Mugler, en passant par Dior, Paco Rabanne ou encore Givenchy. Une expérience dont elle ne garde que des bons souvenirs : les voyages, la découverte d'autres cultures, la capacité de s'adapter à divers environnements mais aussi la résistance et une grande rigueur. En somme, des atouts certains pour son futur métier de comédienne car, parallèlement, Thiam entame en 1992 une formation théâtrale auprès d'Isabelle Sadoyan qui va lui transmettre les bases du théâtre classique mais aussi, de 1995 à 1997, avec Blanche Salant et Paul Weaver à l'Atelier International de Théâtre (Paris).

En 1994, elle interprète un des rôles principaux dans l'Irrésolu, comédie dramatique de Jean-Pierre Ronssin, aux côtés de Vincent Lindon, Sandrine Kiberlain et Barbara Schultz : « Un tournage très difficile car je ne maîtrisais pas encore mon outil et que l'histoire, relatant le vécu personnel du réalisateur, ne permettait aucune liberté... Pas question de soulever un sourcil si ce n'était pas écrit dans le script ! ». Néanmoins l'expérience s'avère révélatrice et le « virus du jeu » se confirme. Grâce à ce premier film, de nombreuses portes vont s'ouvrir. Pour le cinéma, elle tournera dans Mauvais Genre de Laurent Bénégui (1996), "Bimboland" d'Ariel Zeitoun (1997) ou plus récemment dans le Genre Humain de Claude Lelouch (2004). Au théâtre, elle joue au cours du festival in d'Avignon. On la voit également à la télévision dans plusieurs téléfilms et séries (Fatou la Malienne, 2002 - Nestor Burma, 1998 - Julie Lescaut, 2003 - Homicides, 2005...)

En 1997, la jeune femme - qui a toujours la bougeotte - part vivre à New York, car malgré sa réussite en France, elle perçoit la discrimination et le racisme, sans compter ce sentiment d’infériorité latent et parfois même l’aliénation de sa propre race. Là-bas, elle découvre un autre monde qui va définitivement la réconcilier avec sa négritude : des banquiers en dreadlocks, des modèles blacks auxquels la jeunesse peut s’identifier, la possibilité d’une réussite plus grande, bref, d’autres horizons. Mais en contrepartie, un communautarisme parfois exacerbé. En 2001 pourtant, très attachée à la culture européenne et à la France, Thiam Aïssatou fait le choix de rentrer à Paris. Elle profite d’un creux dans sa carrière de comédienne - quatre ans d’absence ça se paye ! - pour monter 4Friends, filiale d’une société d’évènementiel qui a pour but de promouvoir des artistes et de favoriser les rencontres dans la diaspora afro-antillaise. Une aventure qui durera un an et demi.

En 2006, Thiam interprète le rôle de Rosalie, esclave métisse, pour Tropiques Amers, série en 6 épisodes relatant le quotidien des esclaves à la Martinique : « Pour donner corps au personnage, je me suis préparée en amont, complété mes connaissances historiques par des récits et des romans. Mes longues discussions avec Myriam Cottias et Virginie Brac* m'ont également été d'une aide précieuse ». Un rôle qu'elle a réellement vécu de l'intérieur : « C'est la première fois qu'un personnage m'atteint... Lors des scènes difficiles nous avions comme des flashs et c'est parfois les larmes aux yeux que j'allais me coucher après ces prises » confie-t-elle. Un tournage éprouvant psychologiquement mais qui lui a beaucoup apporté : « Savoir que ça a existé c'est une chose, le vivre pendant quatre mois c'en est une autre ! Aujourd'hui, je suis plus en colère qu'auparavant mais je suis également très fière d'appartenir à ce peuple dont la dignité et l'élégance méritent d'être saluées » et « en grande pompe, s'il vous plaît ! » tient-elle à préciser.

Cette afro-antillaise espère aussi que la série permettra aux jeunes noirs « d'être plus fiers de ce qu'ils sont » et qu'elle ouvrira les yeux à une certaine France : « Je crois qu'on a largement payé le droit de partager sa richesse ! ».

Le tournage a également permis à la comédienne de se rendre pour la première fois en Martinique : « Pour moi, la boucle était bouclée ; comme pour l'Afrique, j'avais l'impression de retourner enfin chez moi et d'emmener dans mes valises ma mère et mes grands-parents » et de poursuivre « Aujourd'hui, je me sens bien partout, sauf peut-être en France, surtout dans le contexte actuel ». Lorsqu'on lui demande ce qu'elle pense de la place qui y est faite aux comédiens noirs, Thiam rit jaune. Selon elle, de la place, il n'y en a pas ou si peu : « Cela commence à bouger du côté des hommes avec Edouard Montout ou Alex Descas par exemple, mais pour nous les femmes, c'est toujours très compliqué... Lorsque j'ai commencé, il y avait d'avantage de risques et de liberté et en cela je m'estime chanceuse car j'ai pu échapper en grande partie aux rôles stéréotypés ! ». Elle n'oublie pas non plus de rendre hommage à la comédienne Félicité Wouassi, à la famille Légitimus ou encore à Firmine Richard qui ont essuyé les plâtres avant d'ouvrir des portes à une autre génération mais regrette néanmoins qu’en France, arrivé à un certain niveau, un comédien noir ne se voit plus proposer de rôles. La discrimination positive ? L'établissement de quotas ? Elle est pour à 100 % : « Je n'ai jamais vu avancer un pays sans lois, que ce soit pour le vote des femmes, l'avortement ou autre, elles sont nécessaires sinon il est difficile de faire bouger les choses ».

Pleine de ressources la jeune femme ne se décourage pas pour autant et veut transmettre son expérience à la génération d'acteurs à venir. Elle anime ainsi ponctuellement des ateliers de théâtre auprès des jeunes : « Je me suis découvert un talent de pédagogue après un workshop en 2004 et la transmission d'un savoir, c'est quelque chose de très important pour moi ». Un projet qui lui tient à coeur : former, non pas à la dure mais avec beaucoup de discipline, transmettre « l’essence du jeu » mais aussi apprendre à placer sa voix et jouer face caméra pour professionnaliser les acteurs africains et caribéens de demain.
Biographical Information
Aissatou Thiam
(At a Glance)
: female
Interests: Art, Culture, sport, Musique
Place of Origin: Senegal
Cadette d'une famille de trois enfants, Aissatou Thiam est née à Dakar d'une mère martiniquaise et d'un père sénégalais. Ayant perdu sa mère à l'âge de quatre ans, elle est rapatriée en France et élevée par son grand père maternel à Marseille. Une douce et heureuse enfance bercée au rythme des Antilles et de la biguine même si à la maison, parler créole lui est défendu :« Lorsque mon grand-père se fâchait, il nous réprimandait en créole mais il ne voulait surtout pas que nous en fassions autant ! » se souvient-elle amusée. De ses racines africaines, on n'en parlait pas : « Mon grand-père faisait partie de cette génération pour qui l'Afrique n'existait pas ». Avoir la peau chapé et de préférence les cheveux pas trop crépus, une vielle rengaine de l'époque. Ce n'est qu'à l'adolescence que Thiam commence à fréquenter des sénégalais, découvre leur culture et adopte les tresses. Mais devant le port de Marseille la jeune fille a déjà la bougeotte et rêve de voyage :« Je passais des heures à regarder la mer et le ciel et je me disais qu'un jour je serais là, dans l'avion ». A ce moment, ses pensées se tournent davantage vers les Antilles mais c'est en Afrique qu'elle partira à l'âge de 16 ans pour le mariage de sa soeur : « j'y suis restée quatre mois, un vrai choc, une révélation... J'avais l'impression d'être enfin chez moi ».

Multiactive, Thiam consacre également de longues heures au sport : parmi ses activités fétiches, le rafting, l'escalade, la boxe thaïlandaise ou encore la plongée sous-marine. Une façon de canaliser ses émotions et un trop plein d'énergie pour cette femme qui doit composer à la fois avec une force de caractère et une sensibilité à fleur de peau. Passionnée, curieuse, elle se sent responsable de la société dans laquelle elle vit, celle que l'on transmettra à nos enfants « c'est pour cela que l'éducation est essentielle, pas seulement à la maison mais aussi à l'école et même dans le métro avec des enfants qui ne sont pas les nôtres si cela s'avère nécessaire ». Une empathie qui parfois la fatigue mais c'est sa façon à elle de vivre la vie pleinement.



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