Amadou Mansour MBAYE
Senegal
Amadou Mansour MBAYE, plus connu sous le nom de El hadji Mansour MBAYE, est né le 15 octobre 1927 à St Louis du Sénégal bâtie sur un socle tripolaire : la langue de barbarie, l’île et Sor.
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Senegal
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En 1947, son homonyme serigne Mansour Sy l’emmena à Dakar et le confia ensuite à Lamine Guéye un leader politique charismatique et secrétaire général de la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière). Il sera employé municipal à la mairie de Dakar sous la tutelle de son maire Lamine Guéye. C’est là-bas où il fera la connaissance de Amadou Babacar Sarr dit Chopard, celui qu’il appelle affectueusement son maître. Il nous dis: « C’est lui qui m’a véritablement initié à la politique et surtout encadré. » Amadou Babacar Sarr fut nommé Ministre du Travail en 1958. Il appelle Amadou Mansour Mbaye à ses côtés et fait de lui son attaché de cabinet. Ceci permit à ce dernier de commencer une carrière dans l’administration de son pays. Ils vont cheminer ensemble du Ministère du Travail au Ministère de la Jeunesse et des Sports qui coïncida avec les Jeux de l’amitié d’Abidjan après les événements de 62. Du cabinet du ministère de la Jeunesse et des Sports, il passera au ministère de l’intérieur au département de la protection civile dirigée par Famara Ibrahima Sagna qui le prit avec lui à cause de son sérieux dans le travail et surtout de sa grande discrétion, des qualités qui, de nos jours, tendent à disparaître de plus en plus.
Ces mêmes qualités, Abdoulaye Fofana, Ministre de l’Intérieur les découvre chez ce jeune prodige et l’invite à venir travailler à ses côtés en 1963. Après le départ de Abdoulaye Fofana, il est muté au ministère de l’Information sous la tutelle de monsieur Aliou Sène. Mais très vite, ce dernier décèle chez El Hadji Mansour des qualités d’homme de radio. Il le lui dit : « Ta place n’est pas sur une chaise derrière un bureau mais à la radio. »
Aliou Sène l’encouragea à commencer une nouvelle carrière à Radio Sénégal. Il y fait la connaissance de Sidy Elarby Ndiaye, Adama Diakhaté, Mada Seck, Allé Ndao, Ibrahima Déme qui, à l’instar de Alassane Ndiaye dit Alou, parti avant son arrivée, étaient tous de grands reporters adulés par les auditeurs. Ils l’emmènent en reportage et offrent à son talent de communicateur les occasions d’éclore. Cependant, le virtuose du verbe précise : « Bien avant la radio, j’étais écouté parce que j’étais déjà un maître de cérémonie reconnu. » L’événement qui l’a le plus marqué dans sa nouvelle carrière est le fait d’avoir relayé, pour la première fois, le message de la famille SY sous le Khilafa de Serigne Abdou Aziz Sy Dabakh à travers les ondes de Radio Sénégal. Il nous rappelle que son père Amadou Mbaye Maodo, né à Neukheudje, s’est installé à Tivouane pour mieux servir son guide religieux El Hadji Malick Sy en amplifiant sa parole avec sa voix comme seul support. Fier d’être l’héritier de son père, il joua ce même rôle pour la descendance du vénéré homme de Dieu en bénéficiant de l’apport des nouvelles technologies de la communication ; une nouveauté qui le comble de joie.
El Hadji Mansour, l’homme aux trois dimensions comme l’a si bien vu Amadou Tidjane WANE ancien ministre de la culture du Sénégal, fut militant du SFIO, de l’UPS en 1958 avant d’être l’un des piliers du parti socialiste. Aux événements de 1962 opposant Mamadou Dia à Léopold Sédar Senghor, bien que taxé d’être pro Mamadou DIA ou Diaiste, son attitude républicaine finit par pousser Senghor à compter sur lui pour renouer le fil du dialogue avec ses adversaires et instaurer un climat de paix dans le pays. Il l’invita à l’accompagner dans ses tournées départementales. Son apport dans cette série de campagnes d’information et de sensibilisation sur la nécessité d’avoir un Sénégal uni et prospère où le dialogue demeure l’un des socles de la paix fut immense. Après le départ de Senghor, il accompagne, avec loyauté, le président Abdou DIOUF qui fit de lui son conseiller particulier et son homme de confiance. Homme ayant inscrit son action de tous les jours dans la recherche de la paix et de la concorde des cœurs, il bénéficiera de la reconnaissance des hautes autorités de l’Etat qui vont l’élever au rang de Chevalier dans l’ordre national du lion et de Chevalier dans l’ordre national du mérite.
Son parcours politique est marqué par son refus d’user de l’arme de l’agression verbale ou physique pour lutter contre ses adversaires. Adepte du verbe fécond, El Hadji Mansour n’a pas de frontière dans l’arène politique sénégalaise. Beaucoup de partis politiques n’hésitent pas à solliciter son éloquence de maître de cérémonie hors pair pour mieux réussir leurs manifestions politiques. El Hadji ne se gène pas de leur apporter son soutien tant que cela vote à faire oublier les querelles inutiles entre les acteurs politiques du pays. Cette même démarche lui vaut d’être considéré comme fils ou neveu dans toutes les familles maraboutiques du pays.
De grande taille, noir, le regard intelligent, sa corpulence très élégante rend son port vestimentaire attrayant. Quand El Hadji marche dans ses grands boubous en basin, il donne une image raffinée du sénégalais. Lorsqu’il s’adresse à son auditoire en gesticulant, son regard étonne, son verbe crée l’extase et noie dans la douceur de son vocabulaire la fausse fierté des plus sceptiques. Aucun esprit ne peut résister à la succulence de ses envolés chargés de poésie, celle du groupe des griots gardiens de notre mémoire collective. Il n’est pas étonnant qu’une telle figure de notre pays soit élevée par ses collègues au rang de Président de l’Association des Communicateurs Traditionnels du Sénégal.
Les sénégalais se souviennent de son émission à Radio Sénégal intitulée Sénégal Ndèmb. Un plateau très riche en enseignements sur l’histoire du Sénégal qu’il partageait avec d’autres communicateurs traditionnels tels que : Samba Diabaré Samb, Amadou Ndiaye Samb, Abdoulaye Nar Samb, Kani Samb, Assane Rokhaya Samb, Demba Lamine Diouf, Ali Baata Mboup. Les sénégalais se souviennent aussi de son émission du dimanche appelée Folklore sur commande qui permettait aux auditeurs de faire des dédicaces aux êtres qui leurs sont chers en payant et en commandant la chanson de leur choix. Cette émission donnait satisfaction à son public tout en permettant à la radio d’avoir des ressources additionnelles pour sa survie au grand bonheur des populations. Les sénégalais se souviennent de son émission à la télé dénommée Super Ndadjé qui avait finie par être un passage obligé pour tous les artistes qui voulaient se faire connaître du grand public. Cette émission a participé au rayonnement de plusieurs voix féminines de la musique sénégalaise telles que Adja Khar MBAYE, Kiné LAM, Maty THIAM dogo Dial MBAAYE, Athia WELE, Fatou Guéwal DIOUF pour n’en citer que celles-là. Les sénégalais se souviennent de Diarkolo, un événement dans la pure tradition sénégalaise qui communiait, chaque 04 Avril à Sorano, ce temple de la culture sénégalaise, la musique traditionnelle et la musique moderne et son public jusque tard. Ce rendez-vous continue, après qu’il l’a légué à Mame Less THIOUNE, chaque 01 janvier, d’être celui de toutes les grandes dames de la capitale. Des musiciens tels que Youssou NDOUR, Ismaél LO, Thione SECK, Baba MAAL, Omar PENE, lui reconnaissent ses qualités de figure emblématique de la musique sénégalaise grâce à son influence sur leur carrière. Bercy, l’un des événements musicaux internationaux les plus courus de Youssou NDOUR, ne se déroule pas sans El Hadji Mansour.
En plus de son implication dans le milieu religieux où il demeure le meilleur maître de cérémonie de sa génération, El Hadji, comme nous venons de le voir, est aussi un acteur culturel de dimension exceptionnelle. Mais, le sport n’est pas en reste dans ce qu’il sait faire et bien faire pour apporter sa contribution aux avancées significatives de sa nation. L’émission sport de chez nous qu’il animait en compagnie de feu El Hadji Moustapha Ndiaye en est une parfaite illustration. Reporter religieux et culturel, il n’en est pas moins un reporter sportif. Il fait parti des meilleurs historiens de la lutte sénégalaise, notre sport national. Ses conseils sont écoutés à la fois par les lutteurs, les promoteurs, les managers des lutteurs et le CNG. Mais ce n’est pas seulement la lutte qui connaît ses apports. A St Louis du Sénégal, le Barak de St Louis est là pour en attester si besoin est. Il était un membre influant de la direction de ce club qui fut les beaux jours du football St Louisien. Et nous pouvons nous souvenir de Caire 86. Sa voix avait aidé à calmer les esprits et pousser les différents acteurs du football à tirer les leçons de la débâcle de nos lions pour mieux avancer vers l’essentiel. Il s’y activait à côté de grands savants du football tel que Abdoulaye Diaw.
En 2006, le comité du Gala de Reconnaissance a fait de lui le lauréat de sa troisième édition, un événement culturel international qui fête chaque année une référence dans le landernau culturel sénégalais dont l’œuvre participe à mettre le pays sur orbite au niveau national et international. Ce choix a le mérite de faire l’unanimité à cause de la forte personnalité et du charisme de cet homme aux trois dimensions. Cette fête n’est pas celle du Gala de Reconnaissance mais du peuple tout entier. Elle n’est pas celle du peuple sénégalais mais de l’Afrique et du monde.
Biographical Information
Amadou Mansour MBAYE
(At a Glance)
Date of Birth: Oct/15/1927
: male
Interests: Art, Culture, Musique, Politique, Religion, Sport
Place of Origin: Senegal
Ce fils de Amadou MBAYE Maodo et de NGoné Tall NIANG a eu une
enfance partagée entre les villes de St Louis, Louga et Tivaouane. Sa
ville natale fut crée en 1638 par des français qui y installèrent un
comptoir commercial fortifié. Elle fut de 1885 à 1902 la capitale de
l’Afrique Occidentale Française et de 1902 à 1958, celle du Sénégal et
de la Mauritanie. Elle est située au nord-ouest du Sénégal dans la
partie ouest du continent africain, à l’embouchure du fleuve Sénégal.
Ville ayant connu très tôt l’influence de la civilisation occidentale
et orientale, ses populations vivent ce métissage avec fierté. Elles
jouirent à côté de celles de Dakar, Rufisque et Gorée du statut de
citoyen français dès 1916. La religion islamique y jouit d’une très
forte présence. Comme la majeure partie des natifs de cette ville, El
Hadji Mansour y effectua les premiers pas de sa formation
intellectuelle à l’école coranique. Il passa cette étape de sa vie avec
les félicitations et encouragements de son entourage. Puis ce fut au
tour de la ville sainte de Tivaouane dont le rayonnement religieux fut
assuré par El Hadji Malick SY, le Fondateur de la Tidjania de Tivaouane
de l’accueillir.
A Tivaouane, âgé de 10ans, il est confié à son homonyme serigne
Mansour Sy fils de serigne El Hadji Malick. A ses côtés, il va
approfondir ses connaissances religieuses en l’accompagnant dans ses
tournées éducatives à travers le Sénégal des profondeurs. Mais, l’étape
qui a le plus marqué Amadou Mansour MBAYE fut sans conteste celle de
Keur Pathé Khéwé situé entre Bayakh et Mboro. A la fois éloigné de St
Louis où se trouve sa famille naturelle et Tivaouane sa ville
spirituelle, El Hadji Mansour MBAYE révèle avoir appris dans ce lieu
les bienfaits de la souffrance qui découle de la véritable vie de
talibé. Son homonyme, partageant avec lui cette situation, lui donne
des raisons réelles de tout supporter sans broncher.
A la mort de Serigne Moustapha Mbacké fils aîné de serigne Ahmadou
Bamba fondateur de la tariha mouride en 1945, le Khalife Général des
tidjanes de l’époque serigne Ababacar Sy rappela son jeune frère
serigne Mansour Sy pour l’envoyer dans la ville sainte de Touba
présenter les condoléances de la famille SY à leurs cousins dont la
perte de leur frère aîné fut douloureuse pour toute la communauté
musulmane, pour toute la nation. Ce dernier quitta Keur Pathé Khéwé en
compagnie de son homonyme Amadou Mansour Mbaye pour aller accomplir la
commission du Khalife. Après sa mission, il ne retournera pas à Keur
Pathé Khéwé.
El Hadji Mansour Mbaye partira ensuite à Thiès, chez son oncle
Amadou Abdoulaye Seck fils de Cheikh Yérim Ndoumbane pour effectuer ses
débuts à l’école française. Il arrêtera ses études après l’obtention de
son certificat d’étude primaire, un diplôme qui n’était pas à la portée
de n’importe qui. El Hadji se lance, après son certificat d’étude, dans
le commerce auprès de la société Maurél et Prom, un comptoir commercial
très couru par la population sénégalaise dans les années cinquante. Il
passera une année à Sokone dans le cadre de cette activité. Cette
collaboration lui permit d’avoir des connaissances pratiques en matière
de gestion financière et des relations humaines.