Mouhamed Gammoudi
Tunisia
Mohammed Gammoudi, de son nom complet Mohammed Tlili Ben Abdallah, né le 11 février 1938 à Sidi Aïch (gouvernorat de Gafsa), est un athlète tunisien spécialisé dans le 10 000 mètres et le 5 000 mètres
Professional Information
Professional Areas:
Sport
Working primarily in:
Tunisia
Description of Work:
Mohamed Gammoudi est un champion d'exception. Il a été le premier
Tunisien à monter sur la plus haute marche d'un podium olympique -
c'était à Mexico, le 17 octobre 1968, sur 5 000 mètres. Près de
vingt-cinq ans après sa retraite internationale, ses compatriotes
attendent, en vain pour l'instant, qu'un successeur pointe le bout de
la semelle...
Biographical Information
Mouhamed Gammoudi
(At a Glance)
Interests: Sport, Music
Place of Origin: Tunisia
Cet enfant du sud du pays a très
tôt, montré des dispositions hors du commun pour la course à pied.
Militaire de carrière, il s'est d'abord spécialisé dans le cross.
Rapidement cependant, le prometteur espoir, couvé par son commandant et
entraîneur Hassine Mamouda, décide de s'aligner sur 5 000, une
discipline olympique. Il remporte, à 24 ans, les jeux de l'Amitié et
les jeux Méditerranéens, mais, courant 1963, sa progression marque un
temps d'arrêt. Victime d'une tendinite chronique, il doit attendre mars
1964, l'année des jeux Olympiques de Tokyo, pour se reprendre à
espérer, secrètement, à entrer dans la légende.
Opéré - des amygdales ! - par un professeur genevois, il retrouve
la grande forme et met les bouchées doubles à l'entraînement. Il lui
reste moins de sept mois pour préparer les JO. Gros travailleur, il
s'astreint à courir quotidiennement une vingtaine de kilomètres, à
l'instar des marathoniens. Durant les meetings européens de l'été,
Gammoudi, quasi inconnu du grand public, aligne les bonnes
performances, en remportant notamment la nocturne du PUC, à Paris,
devant les meilleurs spécialistes du demi-fond. Et, à peine cinquante
jours avant le début des XVe Olympiades, tente un pari osé : courir le
10 000 mètres. Un pari payant, puisque, à la surprise générale, il
finit deuxième à Tokyo, et offre à son pays sa première médaille
d'argent dans une grande compétition. Ce succès inattendu a d'ailleurs
pris au dépourvu les autorités nippones : elles sont obligées de
confectionner, à la hâte, un drapeau tunisien en recopiant et
agrandissant celui qui décorait... le sac de sport du champion !
Quatre ans plus tard, à Mexico, le sergent Gammoudi, à 30 ans, parvient
à la maturité. Il décide de doubler le 5 000 et le 10 000 mètres, et
figure parmi les favoris. On lui prête même l'intention de courir le marathon. Son échec sur sa distance de
prédilection, le 10 000 mètres, où il ne finit que troisième, ne le
démonte pas. Quelques jours plus tard, il prend, de fort belle
manière, sa revanche sur le 5 000 mètres, et devient le premier
Tunisien à décrocher une médaille d'or olympique. À son retour à Tunis,
une foule en délire accueille le héros de Mexico, aussitôt élevé au
grade de lieutenant par le président Habib Bourguiba.
À Munich, en 1972, il remet son titre en jeu, mais s'incline en finale,
où il finit deuxième. Qu'importe, il en est, en huit ans et trois
participations au JO, à sa quatrième médaille : une d'or, deux d'argent
et une de bronze. Un palmarès impressionnant que même ses glorieux
successeurs, le Marocain Saïd Aouita et l'Algérien Noureddine Morceli,
ne sont pas parvenus à égaler. Une chute en finale du 10 000 mètres
l'empêche de réaliser son rêve : remporter une seconde médaille d'or.
À 38 ans, Gammoudi est privé d'une quatrième participation
d'affilée aux JO en raison du boycottage de l'édition 1976 par les pays
africains, qui voulaient protester contre la présence, à Montréal, des
sportifs sud-africains. Il aurait pourtant été en mesure d'inquiéter
encore les meilleurs, notamment sur 10 000 mètres.
Le secret de cette exceptionnelle longévité ? Un professionnalisme de
tous les instants, une discipline de vie exemplaire et, surtout, une
science de la course qui lui a permis de s'économiser pour durer. À la
différence des grands athlètes maghrébins des années quatre-vingt et
quatre-vingt-dix, celui que la presse a joliment qualifié « d'homme aux
semelles de vent » n'est pas un chasseur de records. Il n'a jamais
cherché à défier le chronomètre. Seule la victoire importait à ce
compétiteur hors pair. Remarquable finisseur, servi par un sens
tactique exceptionnel, Gammoudi excellait dans les courses au rythme
peu soutenu. C'est dans le dernier kilomètre de la finale du 5 000
mètres qu'il a d'ailleurs construit son succès à Mexico, en résistant
au retour du Kényan Kipchoge Keino.
Ce patriote, qui n'a cessé de s'entraîner chez lui, au Bardo, n'a
pas abandonné le monde du sport de haut niveau, puisque, dès la fin de
sa carrière, il a été appelé à exercer de hautes responsabilités au
sein de la Fédération tunisienne d'athlétisme.
Hélas, trois fois hélas, celle-ci n'a pas été capable de préparer la
relève, et les sportifs tunisiens, depuis la retraite de Gammoudi,
brillent par leur absence dans les grandes compétitions internationales.(Source Jeyne Afrique)