Bémols Saugrenus, publié par les éditions Les Vanneaux, est le premier recueil du poète Ada Bessomo. L'auteur s'ouvre, dans ce poème, composé à la manière d'une galérie de portraits, figurés par des émotions, des voix multiples, des sentiments pluriels, au charnel et sensuel de la conscience en parole. La parole, sourde, murmurée, ou lancée cri perçant écho des visions venues d'une terre, le Cameroun; et de recettes multiples, offertes par les musiques des mots.
Au nombril de ces malheurs
comme on les nomme
drogués à l'avers
comme au revers
autrement soûlés du fouet
coriace d'un sang de frousse brûlant
ma mémoire se fraie
son élégance ultime
étale à l'air libre
le cadastre de son dernier râle
(p11)
Wilfrid Etoundi, jeune virtuose camerounais de la guitare, a composé des musiques à partir d'extraits de ce qui, au bout est aussi une ode à Yaoundé, la terre de coeur de l'auteur: Nous revenons éreintés/ de toutes les querelles/ Des lois, des traditions/ Aux nôtres souvent traîtres/ dès les premiers soins/ des études sanctionnées en Sorbonne/ Revenir embrasser Yaoundé/ Revenir embrasser mon bonheur/ Retrouver Yaoundé/ Retrouver Yaoundé.
Bémols saugrenus est le premier pas d'un mouvement que le poète entreprend vers le coeur de terres sensibles d'abord de la voix, de la langue, du ventre et des imaginaires.
Je remonte la grève
des chaînes d'ébonite
aux épaules chevilles soûles
Quelle mère aurait chanté
L'enfant avec les cauris l'encens dolent
Comme cet oeil taché par la pierre du frère
A tout ce qui pourrit alentour d'ici
la berge de la rivière toute proche
Apporte de menus branchages
Sauvegardes noctures
de fêlures qui me lèchent l'aisselle
P100.